De nos jours, il est important de faire attention à la composition des dentifrices que vous utilisez.
Afin de vous aider dans votre choix en rayon, nous allons parler de 2 ingrédients à bannir, 2 familles d’ingrédients à éviter au maximum et 1 ingrédient indispensable.

Comment choisir le bon dentifrice

Ingrédients à bannir

• Le dioxyde de titane (TiO2)
Utilisé en cosmétique comme filtre UV ou colorant blanc, il est connu sous les noms CI 77891 ou E171 dans les dentifrices blanchissants et anti-taches. L’ANSES a publié, en 2017, une étude relative à la toxicité orale du E171 mettant en évidence des effets promoteurs potentiels de la cancérogenèse chez le rat. L’Agence soulignait alors la nécessité de conduire de nouvelles études toxicologiques afin de confirmer ou d’infirmer les effets rapportés.

En parallèle, le Comité d’Évaluation des Risques (CER) de l’ECHA a conclu que le dioxyde de titane sous toutes ses formes devrait être classé comme « cancérogène suspecté pour l’homme de catégorie 2 par inhalation ».
À la suite de l’avis rendu par l’ANSES et de mobilisations associatives, le Gouvernement interdit cet ingrédient dans l’alimentation dès le 1er janvier 2020. Il le sera également, pour toute l’Europe, le 7 août 2022.
Bien que le dentifrice ne soit pas complètement avalé, une partie est tout de même ingérée. Pour l’association française il serait donc plus prudent de bannir cet ingrédient de leur fabrication.

• Le LaurylSulfate de Sodium (SLS)
Egalement connu sous le nom de E487, ce tensioactif est couramment utilisé en cosmétique bien qu’il ait un potentiel irritant pour les muqueuses et la peau. Sa concentration a été diminuée dans les gels douche et les produits de bain.

Généralement dérivé de l’huile de palme, le SLS est présent dans 57 % des dentifrices pour adultes et 47 % de ceux pour enfants.
En outre, il est critiqué pour son impact environnemental négatif, affectant les animaux, les milieux aquatiques et les végétaux. Malgré cela, il reste autorisé dans les produits certifiés Bio.

Le SLS peut très bien être remplacé par d’autres alternatives, telles que le Lauryl glucoside, un détergent plus doux et sans sulfate.

Les familles d’ingrédients à limiter

• Les parabènes
Les parabènes sont essentiellement utilisés dans les cosmétiques comme conservateur (antifongique et antimicrobien). Ils sont également utilisés en tant qu’additifs alimentaires, identifiés sur les étiquettes par les nominations allant de E214 à E219.

Les parabènes sont suspectés de perturber le système endocrinien en mimant les propriétés de certaines hormones, notamment par l’activation des récepteurs aux œstrogènes, d’où l’interrogation de leurs effets sur la fertilité et le risque de cancers hormono-dépendants (tel que le cancer du sein). Des études réalisées chez l’animal ont rapporté des effets sur l’appareil reproducteur mâle et femelle, sur la production et la qualité des spermatozoïdes et quelquefois sur la fertilité.
Les parabènes sont également suspectés d’être un facteur prédicteur de l’obésité chez l’enfant.

À ce jour, il n’existe pas de Valeur Toxicologique de Référence (VTR) pour les parabènes en France et en Europe. Bien qu’aucune étude n’ait été menée sur ceux présents dans les dentifrices, nous préconisons de les éviter par précaution.

• Les arômes
Les arômes sont des allergènes potentiels. Ils doivent être surveillés chez les patients susceptibles de développer des allergies, bien que ces dernières soient rares.

Après tout cet étalage d’ingrédients à éviter, nous souhaitons mettre en avant la famille d’ingrédients à ne surtout pas mettre de côté.

L’ingrédient à utiliser

• Les fluorures
Le rapport bénéfice/risque des fluorures a récemment été remis en cause, ce qui entraîne la mise sur le marché de plus en plus de dentifrices sans fluor. Aucune étude sérieuse et représentative de l’utilisation des dentifrices n’a pourtant démontré d’effets néfastes.

Depuis leur introduction dans les dentifrices au XXè siècle, leur efficacité dans la prévention des caries est solidement prouvée par plus de 60 ans de recherche. En conditions idéales, les fluorures peuvent réduire le risque de caries de 25 %. L’utilisation de dentifrice fluoré est donc la mesure la plus efficace pour prévenir les lésions carieuses.

Les fluorures agissent de deux façons sur les dents : ils renforcent l’émail et ralentissent la progression des caries existantes. Selon l’OMS, l’UFSBD, la FDI et l’Association internationale de recherche dentaire, il est essentiel de se brosser les dents dès leur apparition, deux fois par jour, avec un dentifrice fluoré adapté à l’âge : 1000 ppm de fluor pour les enfants de moins de 6 ans et 1500 ppm pour ceux de 6 ans et plus.
Pour les enfants de moins de 3 ans, il faut utiliser une quantité de dentifrice équivalente à un grain de riz, tandis que pour les enfants de 3 ans et plus, une quantité de la taille d’un pois est recommandée. Le dentifrice ne doit pas être avalé, mais recraché sans rinçage.

fluorose dentaire

Attention tout de même, un surdosage de fluor pendant plusieurs mois ou années durant la formation des dents peut provoquer une fluorose dentaire sur les dents définitives, se manifestant par une hypominéralisation de l’émail qui apparaît sous forme de taches blanches ou jaunâtres. Cette condition est observée chez des patients venant de régions où les concentrations naturelles de fluorure dans les eaux souterraines sont élevées.

Ce rapport bénéfice/risque positif nous permet de recommander la présence de fluorures dans les dentifrices.

Conclusion

En résumé, il est conseillé d’éviter le dioxyde de titane et le laurylsulfate de sodium dans les dentifrices, de limiter les parabènes et les arômes, et de vous assurer que votre dentifrice contient des fluorures pour protéger vos dents contre les caries. Ainsi il faut bannir les dentifrices faits maisons qui ne contiennent pas de fluor et avoir en tête que le label Bio ne signifie pas que le produit est systématiquement bon pour la santé et l’environnement.


Cet article vous est proposé par Kipsmiling, association française de prévention bucco-dentaire.

Léa Vannieuwenhuyse

Léa Vannieuwenhuyse
Présidente de l’association Kipsmiling
Adjoint chirurgien-dentiste, formée à l’UFR d’Odontologie de Paris Cité.

Maguelone Thérond
Membre de l’équipe éditoriale de l’association Kipsmiling.
Externe en 6è année à l’UFR d’Odontologie de Paris Cité.

Références bibliographiques

SLS :
Laurrouy Malaury, SLS, Dess de cosmétologie, uqac, 2015

Dioxyde de titane :
• Étude NANOGUT menée par l’INRA ; Bettini et al., 2016.
• Nouvel avis final du CSSC sur le dioxide de titane.
• CSSC – opinion on titanium dioxide, colipa n°S75 (2014).
• INRS, fiche toxicologique n°291.
Cancer environnement.
• AVIS de l’Anses relatif aux risques liés à l’ingestion de l’additif alimentaire E171, 2019.
• AVIS et RAPPORT de l’Anses relatif à la définition d’une valeur toxicologique de référence et coordination d’actions concernant le dioxyde de titane sous forme nanométrique (TiO2), 2019.

Parabene :
• Journal officiel, 2014 : RÈGLEMENT (UE) No 1004/2014 DE LA COMMISSION du 18 septembre 2014 modifiant l’annexe V du règlement (CE) no 1223/2009 du Parlement européen et du Conseil relatif aux produits cosmétiques.
MEDD, 2014 : Rapport au Parlement relatif aux perturbateurs endocriniens.
Meeker, 2011 : Urinary concentrations of parabens and serum hormone levels, semen quality paramet.
Philippat, 2014 : Prenatal exposure to phenols and growth in boys.

Fluor :
• Organisation mondiale de la Santé (OMS), Preventing disease through healthy environments : inadequate or excess fluoride : a major public health concern. Genève, 2019.
• Organisation mondiale de la Santé (OMS), Mettre fin à la carie de la petite enfance : manuel de mise en œuvre de l’OMS. Genève, 2019.
• O Mullane, DM, Baez, RJ, Jones, S et al. Fluoride and oral health. Community Dent Health 2016; 33(2):69–99.
• Walsh, T, et al. Fluoride toothpastes of different concentrations for preventing dental caries. Cochrane Database Syst Rev 2019; 3(3):Cd007868. doi:10.1002/14651858.CD007868.pub3.