Aujourd’hui, la pratique du sport est en plein essor à l’échelle mondiale, tant pour le plaisir que pour des raisons professionnelles. Le développement de la dentisterie sportive vise à optimiser la santé et les performances des athlètes. Dans un article précédent, nous avons abordé les liens entre l’activité physique et la santé bucco-dentaire.

Les traumatismes dentaires sont un des risques majeurs liés à la pratique du sport et qui impactent directement la santé bucco-dentaire des sportifs. Certains sports peuvent entraîner des blessures aux tissus buccaux, tels que les lèvres, les dents et l’appareil masticatoire. En cas de traumatisme grave, les urgences maxillo-faciales doivent être traitées en priorité, suivies par une prise en charge avec le dentiste traitant.
Il est également important de surveiller les symptômes évocateurs d’un traumatisme crânien, qui peuvent inclure des maux de tête, des nausées, des vomissements, ainsi que des atteintes neurologiques telles que des pertes de sensibilité, des troubles de la motricité, de l’aphasie, des phénomènes de somnolence ou des troubles visuels. Un diagnostic de traumatisme crânien nécessite un examen neurologique et des examens d’imagerie, comme une tomodensitométrie (CT-scan) ou une IRM, si une lésion cérébrale est suspectée.
Les traumatismes dentaires : une problématique fréquente
Les traumatismes dentaires représentent environ 2,5 à 5 % des blessures sportives totales. Ce pourcentage est beaucoup plus élevé dans des sports tels que le rugby, le football américain, le hockey ou les sports de contact.
La prévalence des traumatismes dentaires est particulièrement élevée chez les enfants et les adolescents, qui sont encore en phase d’apprentissage et de perfectionnement. Leurs gestes sont souvent moins maîtrisés et ils sont généralement moins informés des risques encourus. Ces traumatismes se produisent fréquemment lors de chutes ou de contacts directs avec des objets comme la tête, les coudes ou les genoux.

L’anatomie d’une dent
Les dents sont implantées dans l’os alvéolaire. Chaque dent se compose de deux parties :
• la couronne : visible et recouverte d’émail,
• la racine : incluse dans l’alvéole et recouverte de cément.
La dentine se situe au niveau de la couronne et de la racine. À l’intérieur de chaque dent se trouve la pulpe dentaire composée de vaisseaux et tissus nerveux.

Le parodonte est le moyen d’attache de la dent. Il est composé de deux tissus durs (cément et os alvéolaire) et deux tissus mous (la gencive et le ligament alvéole-dentaire).
Facteurs de risque des traumatismes dentaires
Il existe plusieurs classifications pour décrire les traumatismes dentaires. Parmi elles, celle de la Fédération Dentaire Internationale (FDI), de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et d’Andreasen.
Cette dernière est la plus complète, et se divise en deux grandes catégories :
Traumatismes des tissus durs de la dent et de la pulpe :
• Fêlure amélaire : petite fissure dans l’émail de la dent sans perte de substance dentaire.
• Fracture amélaire : rupture de l’émail, souvent accompagnée d’une perte de matière dentaire, mais sans atteindre la pulpe.
• Fracture coronaire simple : fracture de l’émail et de la dentine avec perte de substance dentaire, mais qui n’affecte pas la pulpe.
• Fracture coronaire complexe : fracture de l’émail et de la dentine avec perte de substance dentaire et atteinte de la pulpe.
• Fracture corono-radiculaire simple ou complexe : fracture affectant l’émail, la dentine et le cément, avec perte de structure dentaire avec ou sans atteinte de la pulpe.
• Fracture radiculaire (cervicale, moyenne, apicale) : fracture confinée à la racine de la dent, affectant le cément, la dentine et la pulpe dentaire.
Traumatismes des tissus de soutien parodontal :
• Commotion : choc sur la dent qui la rend mobile sans la déplacer ni affecter les ligaments ou les racines. La dent peut être sensible.
• Subluxation : dent légèrement déplacée, mais qui reste en place. Elle peut être douloureuse et légèrement mobile, mais le ligament parodontal est encore intact.
• Luxation en extrusion : dent partiellement sortie de son alvéole, c’est-à-dire qu’elle est déplacée vers l’extérieur, mais elle reste en place dans la bouche.
• Luxation latérale : dent déplacée latéralement, sans sortir complètement de son alvéole. Cela peut endommager les ligaments parodontaux.
• Luxation en intrusion : dent enfoncée dans l’os alvéolaire, souvent avec une perte de sa position normale. Cela endommage sévèrement les tissus de soutien.
• Luxation complète (expulsion) : dent entièrement expulsée de son alvéole. Cela peut causer des dommages importants aux tissus environnants, et il est crucial de tenter de la remettre en place rapidement.
Prise en charge des traumatismes dentaires
Les gestes de premier secours sur le lieu de l’accident sont essentiels pour améliorer le pronostic des dents endommagées. À cette fin, la Société Française de Dentisterie du Sport (SFDS) a élaboré un poster à l’attention des fédérations sportives et des municipalités pour guider les premiers secours et limiter les dommages. Vous y trouverez les informations à effectuer dans le cas d’une dent expulsée, d’une dent fracturée et déplacée.



Cliquez ici pour télécharger le poster de la SFDS.
Une fois l’accident survenu, il est primordial qu’un professionnel procède à un interrogatoire médical complet et réalise un examen buccal. La délivrance d’un Certificat Médical Initial (CMI) est obligatoire. Ce document a une valeur médico-légale importante, notamment devant les juridictions civiles et pénales, et pour la gestion des assurances privées des sportifs professionnels. Cela permet de couvrir non seulement les lésions initiales, mais aussi d’éventuelles complications futures.
Le chirurgien-dentiste prendra ensuite les mesures thérapeutiques nécessaires en fonction du type de traumatisme et de la dent touchée. Les soins peuvent différer selon qu’il s’agisse d’une dent temporaire, d’une dent permanente immature ou d’une dent permanente mature.
Conclusion
Les traumatismes dentaires représentent un risque majeur dans la pratique du sport, en particulier dans les disciplines de contact. La prévention, avec le port d’un protège-dents adapté, et une prise en charge rapide et appropriée des blessures, sont essentielles pour limiter les séquelles.
La prévention, la sensibilisation et la formation des athlètes restent les clés pour protéger leur santé bucco-dentaire.
Cet article vous est proposé par les Drs Adrien Sicard, Christophe Ghrenassia et Sébastien Minne, en charge de la Société Française de Dentisterie du Sport (SFDS).