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La Prémédication Anxiolytique

Pharmacologie Par Guillaume GARDON-MOLLARD le 08-06-2016

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La dentophobie est l’angoisse, la peur, voir la phobie liée aux soins dentaires. Elle touche 30% des patients et trouve bien souvent son origine dans des expériences traumatisantes pendant l’enfance. Bien que certains de nos patients puissent avoir une nature anxieuse – non spécifique aux soins dentaires – les patients souffrant de dentophobie sont très difficiles à prendre en charge car :

  • ils retardent souvent les soins jusqu’aux dernières limites
  • leurs réactions émotionnelles pendant les soins sont exacerbées et irrationelles

 

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Patient de 32 ans, dentophobique se présentant au cabinet pour une pulpite aigüe sur 21. Les séances de soins s’annoncent difficiles…

 

 

QUESTIONNER SYSTEMATIQUEMENT

Pour ne pas passer à côté d’un patient dentophobique, ce qui pourrait revenir à entretenir sa phobie, il est très utile de poser systématiquement la question au moment de l’entretien initial.

A la question :  » Avez-vous peur des traitements dentaires? Si oui : cotez votre peur de 0 à 10 (1= peur minimale ; 10 = peur maximale). A partir de 8, on peut considérer que le patient est dentophobique.
Quelle que soit la réponse du patient, il est bon de demander si le patient a déjà vécu une expérience dentaire défavorable et de détailler le cas échéant. Vous lui permettez d’exprimer l’origine de sa peur, d’être écouté et de créer un lien avec lui. Vous éviterez, autant que faire se peut, de reproduire les mêmes conditions.

 

EXPLIQUER PATIEMMENT, AGIR DOUCEMENT

Le patient dentophobique doit être examiné délicatement, en expliquant préalablement vos moindres faits et gestes. Le patient dentophobique a besoin de retrouver confiance en son soignant.

L’environnement du cabinet ne doit pas être agressif : couleurs douces, lumière naturelle, odeurs agréables, musique douce et isolation phonique des salles de soins. Ne pas prolonger l’attente d’un patient anxieux.

Il faut enfin et surtout veiller à éviter toutes les stimulations douloureuses notamment au cours de l’acte le plus redouté : l’anesthésie. Cliquez ici pour apprendre à piquer sans faire mal.

 

PREMEDICATION

Le but est d’obtenir le confort physique et psychique du patient afin de faciliter la réalisation des soins.
La molécule de choix sera une benzodiazépine à action anxiolytique :

  • Le diazépam (Valium®) est sans doute la substance la mieux étudiée et la plus utilisée mais sa demi-vie est longue
  • Le lorazépam (Temesta®) ou l’oxazépam (Séresta®) ont des demi-vies plus courtes et semblent mieux adaptées.

 

Les contre-indications  :

  • Allérgie connue à un des composants
  • Insuffisance respiratoire sévère
  • Syndrome d’apnée du sommeil
  • Insuffisance hépatique
  • Myasthénie
  • Alcoolisme

 

La posologie :

  • Diazépam 5mg : 1 à 2 comprimés la veille au soir et 1 à 2 comprimés 1 heure avant le soin.
  • Lorazépam 1mg : 2 comprimés la veille au soir et 2 comprimés 1 heure avant le soin
  • Oxazépam 10mg : 1 à 2 comprimés la veille au soir et 1 à 2 comprimés 1 heure avant le soin.

 

Chez la personne âgée, les doses sont réduites de moitié.
Chez l’enfant, la prescription anxiolytique est déconseillée. Les techniques de sédation conscientes au protoxyde d’azote doivent être privilégiées et délivrées par une équipe accréditée.

N.B : Le prescripteur doit s’assurer que le patient est bien accompagné et qu’il ne conduit pas de véhicule pendant la durée d’action du produit.

 

VOUS POUVEZ NOUS DONNER VOTRE AVIS EN COMMENTAIRE !

– évaluez-vous le niveau individuel d’anxiété des vos patients?

– quels sont selon vous les inconvénients d’une prémédication anxiolytique?

 

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3 commentaires au sujet de “La Prémédication Anxiolytique

  1. Tawfik MHAMSADJI.

    Je considère que pratiquement plus de la moitié des consultants est dentophobiques. Notamment les primo-consultants qui avant même de prendre place dans le fauteuil tiennent à exprimer au moins partiellement leurs craintes. De ce point de vue j’évite quand c’est possible de pratiquer un geste qui pourrait être traumatisant. Y compris la piqûre anesthésique. ..Que je précéde par une anesthésie de contact…Et quel que soit l’âge du patient. En fait hormis l’urgence pourquoi se précipiter….Ce simple report d’intervention peut suffire à apaiser des craintes souvent justifiées par la réputation dolorifère de notre profession. Le dialogue bien conduit aidera lors de la séance suivante: je crois qu’il faut d’abord savoir parler à ces patients qui nous ont choisi, pour différentes raisons certes, mais fondamentalement parcequ’ils ont confiance en nous a ce moment là. Donc ne pas trahir cette confiance me semble essentiel. Bien sûr que j’ai réalisé des préméditations anxyolytiques…Mais rarement; et surtout pour des chirurgie difficiles pour lesquelles je craignait (hé oui…) que la pusilanimite de ma patiente ne pose problème ou pour de longues séances de pose de plusieurs implants ou d’intervention sur le sinus maxillaire. En fait des patients qui ont été rassuré déclineront la prescription. Et à ce sujet je recommande particulièrement l’ Atarax qui me donne d’excellents résultats avec la réserve fondamentale que ce ne soit pas mon patient qui conduise…
    Confraternellement.

    1. guillaumegm@hotmail.com .

      Cher confrère,
      Merci pour cet excellent commentaire auquel je souscris totalement!
      Vous avez raison d’insister sur le fait que ce n’est pas uniquement grâce à des molécules pharmaceutiques que nous arriverons à créer un lien de confiance durable avec nos patients et a fortiori avec ceux qui souffrent d’une phobie des soins dentaires.
      Ne pas se précipiter, engager le dialogue, partir du principe que beaucoup de patients craignent les soins dentaires – à différents degrés -… Le patient perçoit ces attitudes très positives.
      Cependant,- et vous le faites remarquer là aussi – certains patients et/ou certaines interventions chirurgicales lourdes obligent à faire plus pour atténuer cette anxiété. La sophrologie, l’auto-relaxation, l’hypnose sont des options qu’il faut aussi considérer…
      Encore une fois, si prescription il y a, elle doit être justifiée, ciblée et ponctuelle. En effet, on peut avoir recours à la sédation lors de la première séance de soins chez le patient phobique et ne plus jamais y avoir recours une fois la confiance est installée.
      Je vous rejoins également sur l’hydroxyzine (Atarax®) dont le mode d’action et la pharmacocinétique est différente des benzodiazépines mais dont l’effet sédatif est reconnu.

  2. Ping :Anonyme

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