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Les avantages de l’hypnose et du MEOPA dans les soins dentaires

Pédodontie Par Marie DACQUIN RABANY le 25-01-2021

S’aider et savoir aider par des techniques comme l’hypnose et/ou le MEOPA ? Pourquoi ?

L’exercice de notre métier n’a jamais été une tâche simple et ne le sera probablement jamais ! Beaucoup d’efforts sont consentis au quotidien par nous, dentistes, les acteurs de ce domaine. La prise en charge de nos patients ne peut être optimale qu’en prenant en compte tous leurs aspects, dès leur arrivée. Cette exigence s’applique particulièrement aux enfants, et ce n’est pas toujours facile à assurer…

Aborder les enfants patients au cabinet

Un grand sourire (quelque peu masqué ces derniers temps) et un peu de patience peuvent marcher lors d’un premier abord sur les enfants. Mais un deuxième rendez-vous sera souvent plus révélateur de difficultés… En effet certains enfants sont robustes et tolérants dans des situations nouvelles et stressantes. Alors que d’autres sont plus vulnérables, ils auront besoin de plus d’attention afin de se sentir à l’aise et coopérer à des soins. Tout dentiste doit comprendre que les enfants peu coopératifs ne sont pas des enfants difficiles. Au contraire, ils ont une personnalité, un besoin, ou une invalidité qui nécessite à la fois des connaissances et une attention particulière. Lors du rendez-vous diagnostic il est donc essentiel de prendre le temps d’examiner non seulement la santé de l’enfant, son état dentaire et son comportement ; mais aussi l’attitude des parents dans le cabinet dentaire et l’incapacité à faire face à l’anxiété de leur enfant. Ainsi les soins prévus dans le plan de traitement et effectués lors des prochains rendez-vous ne pourront qu’être plus efficaces.

Créer une relation de confiance avec les jeunes patients

Aujourd’hui il est reconnu que nos jeunes patients demandent une prise en charge spécialisée dans leur soin, leur suivi et ceux jusqu’à une certaine maturité. Établir une réelle relation de confiance avec son patient, mais aussi ces parents ne peut être immédiat… L’objectif premier est de faire vivre à tout enfant une expérience positive non traumatique lors de son contact avec la profession. Le contexte de soin est primordial chez les tout petits, les soins que secondaires. Un enfant ne réfléchira pas comme un adulte, en pensant « qu’il faut le faire » et que « c’est pour son bien que nous soignions ces dents ». C’est dans ce cadre-là que des protocoles de sédation vigile ont pu se développer. Ils sont d’ordre pharmacologique, comportemental ou cognitif. Ils constituent une avancée importante dans la qualité de prise en charge mais aussi le confort de nos jeunes patients d’aujourd’hui et de demain. Ainsi des techniques moins répandues comme l’hypnose et le MEOPA prennent toute leur importance !

L’attitude de l’enfant face au praticien

Un enfant se caractérise par son immaturité, cependant il est conscient de son besoin d’interaction avec le monde extérieur. Cette combinaison paradoxale entre cette interaction et le manque de moyens « critiques » à sa disposition, engendre spontanément chez lui un sentiment de vulnérabilité et de peur de l’inconnu (Freud, 1917).

 

L’attitude de l’enfant face à cette problématique s’inscrit dans 2 cadres :

• Le premier est celui dans lequel certaines situations mémorisées serviront à l’enfant de repères pour ces expériences futures via le principe de comparaison. Celui-ci présente de nombreuses limites du fait de la pauvreté du vécu de l’enfant et a pour conséquences d’engendrer une vision assez binaire peu nuancée. D’où l’importance de ne pas se précipiter dans le soin.

• Le second est caractérisé par l’ensemble de ses repères au monde extérieur. Ils sont représentés par des personnes « fiables », en qui il peut avoir confiance ou se reconnaît, c’est à dire les parents et en particulier la mère. C’est pourquoi la relation PRATICIEN -ENFANT-PARENT devient notre priorité.

L’enjeu de toute séance : intervenir sur la peur et la douleur

L’enjeu de toute séance de soin est donc de pouvoir intervenir sur deux émotions : la peur (émotion pré- intervention) et la douleur (sensation per intervention). Ce sont deux notions intimement liées et qui se renforcent mutuellement. Leur intrication peut, dans certains cas, conduire à un cercle vicieux préjudiciable en termes de santé dentaire. En effet, une douleur vécue peut nourrir une peur future, ou conforter une peur antérieure et ainsi la renforcer. De même, dans certains cas, la peur peut être si intense qu’avant même d’avoir subi une douleur au sens « physique » du terme, la personne peut déjà réellement en souffrir psychologiquement. Ainsi, il apparaît que la résolution de l’une est liée à celle de l’autre. Et que nous faisons face à un fil tendu toujours prêt à se rompre.

L’hypnose : une solution à exploiter dans les soins dentaires

Bien que ne faisant pas l’unanimité, l’hypnose apparaît comme un outil à exploiter. Il convient de mettre en évidence son caractère universel. En effet, ce qui en premier lieu peut légitimer son usage, est que l’hypnose est une technique que nous utilisons dans la vie de tous les jours, et à fortiori dans les soins dentaires sans même s’en rendre compte ! La manière de parler, le choix des mots ou l’attitude du praticien en sont des composantes. Cependant, pour la plupart des gens, praticiens compris, l’hypnose est une discipline qui prête plus à l’abstrait et au mystique. Ce sentiment n’est pas sans raison à la vue des rumeurs véhiculées sur cette technique.

Modifier l’organisme et le comportement du patient avec l’hypnose

L’hypnose thérapeutique peut se définir comme « un processus de communication (entre le praticien et le patient, entre le corps et l’esprit, entre le conscient et l’inconscient), qui permet de mobiliser et de mettre en relation tout l’organisme pour modifier son comportement et sa physiologie, afin de favoriser une possibilité d’évolution thérapeutique » (Dr j.M. Benahiem). L’hypnose repose donc sur deux grands principes : Un état de conscience modifié (État hypnotique = transe hypnotique) et une relation singulière praticien-patient basée sur des principes de communication verbale et non-verbale.

Sous cet état, les perceptions sensorielles et émotionnelles sont amenées à être modifiées. En pré-opératoire, elle permet une meilleure gestion du stress, de la peur et peut être une alternative à la prescription d’anxiolytiques. L’hypnose a également un rôle important vis-à-vis de l’anesthésie (Schlegel-Christen, 2014) elle peut renforcer l’action des molécules chimiques, voire parfois, en cas de contre-indications ou d’allergies, servir de dernier recours (hypnoanalgésie). En post-opératoire, son action est aussi très bénéfique. Elle permet de réduire le saignement, favorise la cicatrisation, réduit les douleurs et assure de meilleures suites notamment par le biais des suggestions post-hypnotiques. Le patient devient acteur de sa propre santé en prenant part à chaque séance en se replongeant dans cet état de bien-être. Le praticien fait face à un patient plus calme ce qui n’est pas à négliger pour la qualité de son exercice, c’est pourquoi de plus en plus de médicaux se forment à ce jour.

La technique d’induction pharmacologique du MEOPA

Alors que lors d’une séance de soins sous MEOPA, le patient se retrouve dans un état modifié de conscience grâce à une induction pharmacologique. Il est alors conscient de ce qu’il se passe, mais son interprétation est modifiée afin d’améliorer son confort physique et psychique. Le jeune avant le soin n’est pas indiqué dans ce type de sédation, la sédation consciente n’est en rien une petite anesthésie générale. Ce type de médicamentation est sujet à des contre-indications absolues et relatives ce qui explique que cette technique anesthésique doit être prescrite puis induite uniquement par un praticien formé après diagnostic. Ce n’est que depuis novembre 2009 que son utilisation, jusqu’alors exclusivement hospitalière, devient accessible aux libéraux.

Le protoxyde d’azote étant un gaz très peu soluble dans le sang, il entraine un effet rapide (3 minutes d’installation) qui est rapidement réversible (5 minutes après l’arrêt de l’inhalation). En mélange équimolaire, le protoxyde d’azote n’induit pas d’effet d’anesthésie réelle, ni de dépression respiratoire, ou de perte de conscience, ni d’hypoxie. Il procure par contre un effet analgésique et amnésique variables en fonction des patients. Ce gaz à un rôle de dépresseur du système nerveux. Il augmente modérément la pression intracrânienne, provoque au niveau cardio-vasculaire une diminution de la fréquence et du débit cardiaques. Ce qui modifie alors les sensations d’audition, de goût, d’odorat, de toucher, de température et surtout diminue la sensibilité à la douleur. Les réactions motrices seront ralenties provoquant ainsi une relaxation générale, et parfois même de l’euphorie surtout lors de l’induction (d’où le nom commun de gaz hilarant). L’ensemble des réactions observées est profitable lors de nos soins.

La technique du MEOPA recommandée chez l’enfant

Chez l’enfant, l’association du MEOPA et des techniques cognitivo-comportementales est même recommandée. Le but étant de sortir le patient du contexte du cabinet et de l’amener vers un endroit où il se sent bien, en confiance. Pour ce faire, il est nécessaire d’obtenir la collaboration du patient, de le rassurer, d’être optimiste quant au déroulement de la séance et d’utiliser son imaginaire !

Le but de ces techniques : améliorer la santé bucco-dentaire des patients

Afin de conclure, n’oublions pas que le but de notre métier est d’améliorer la santé bucco-dentaire de nos patients. Cet objectif ne peut être atteint que si une relation de confiance s’établit entre patient, parent et praticien, et cela sur le long terme. Or, cette dernière est souvent mise en péril…

Notre profession ne peut que faire des progrès sur la prise en charge émotionnelle et psychologique des patients. Nous sommes tous formés à être de très bons techniciens, à nous d’avoir suffisamment conscience de cet aspect pas si facile à maitriser. Le chirurgien-dentiste dispose à ce jour d’une multitude de solutions et de techniques pour traiter l’individu en tant que tel et non pas simplement la maladie qu’il présente, tout en étant le plus confortable pour exercer.

Dans ce sens, l’utilisation du MEOPA et de l’hypnose au quotidien peut être une aide efficace chez les l’ensemble de nos patients et non pas que chez ceux réputés « difficiles ». En traitant les patients très anxieux et en prévenant l’apparition de nouvelles phobies, la profession y gagnera énormément et l’ensemble de la population également.

Pour parvenir à ce but, l’arbre décisionnel, ci-après peut être un guide de prise en charge.

 

Tableau-Article-Marie-Dacquin

Tableau tiré de la thèse : Outils thérapeutiques dans la prise en charge de l’anxiété au cabinet dentaire : Le MEOPA et L’Hypnose ; soutenue en 2014, à Nice, par Dr GUGLION.

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