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L’hypnose, un outil à exploiter !

Hypnose, Pédodontie Par Marie DACQUIN RABANY le 12-10-2021

Introduction

Tout chirurgien-dentiste dispose d’une multitude de solutions et de techniques pour mener ses soins thérapeutiques à bien. Mais des solutions plus confortables pour exercer, notamment lors de la prise en charge des enfants, sont toujours à connaître !

Bien que ne faisant pas l’unanimité, l’hypnose apparaît comme une solution non médicamenteuse efficace. Il convient de mettre en évidence son caractère universel. En effet, ce qui en premier lieu peut légitimer son usage est que l’hypnose est une technique que nous utilisons dans la vie de tous les jours et à fortiori dans les soins dentaires sans même s’en rendre compte ! La manière de parler, le choix des mots ou l’attitude du praticien en sont des composantes. Cependant pour la plupart des gens, praticiens compris, l’hypnose est une discipline qui prête plus à l’abstrait et au mystique. Pour mieux en saisir la réelle portée, il convient d’en donner un petit descriptif.

 

Qu’est-ce que l’hypnose ?

Différentes orientations médicales de l’hypnose sont intéressantes à connaître :

L’hypnose thérapeutique : vise à diminuer la douleur et l’anxiété
L’hypno-analgésie : diminue voire remplace toute médicamentation sédative
L’hypnothérapie : utilisée en psychothérapie

 

L’hypnose thérapeutique correspond à « un processus de communication (entre l’hypnothérapeute et le patient, entre le corps et l’esprit, entre le conscient et l’inconscient), qui permet de mobiliser et de mettre en relation tout l’organisme pour modifier son comportement et sa physiologie, afin de favoriser une possibilité d’évolution thérapeutique » (Dr J.M. Benahiem, D.U d’hypnose médicale, Paris VI).

 

L’hypnose repose donc sur deux grands principes :

• Un état de conscience modifié = état hypnotique = transe hypnotique
• Une relation singulière praticien-patient basée sur des principes de communication

 

L’état hypnoïde est un état d’éveil paradoxal, proche de l’imagination. Il se définit comme un fonctionnement psychologique impliquant à la fois les circuits de l’attention et les circuits de la détente. Cet état, naturel, nous l’avons tous déjà vécu. Il est fait de moments où l’on se retrouve « dans la lune » où nous sommes présents sans vraiment l’être, où nous rêvons tout en étant éveillés. Étant la reproduction d’un phénomène naturel et spontané, son accès est donc ouvert à l’ensemble de la population. C’est le principe de dissociation.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le sujet sous état hypnotique dispose d’une très forte activité cérébrale, inconsciente donc, décrite comme un état d’hyper vigilance (Varma, 2005). À peu près 5% de nos ressources sont présentes dans le conscient, le reste est présent dans l’inconscient. L’hypnose permet donc d’établir un pont vers cette exceptionnelle richesse intérieure qu’est l’inconscient. Sous cet état, les perceptions sensorielles et émotionnelles se modifient, qu’il s’agisse de la douleur, du stress ou de l’anxiété par exemple.

 

Déroulement d’une séance

Chaque séance est personnalisée et spécifique en fonction des particularités propres à chaque patient. Ceci implique une bonne expérience du thérapeute afin qu’il puisse s’adapter à chaque situation. Cette adaptation est la clé du succès de la prise en charge.

Deux grandes formes d’hypnose thérapeutique vont alors être intéressantes à utiliser.

Tout d’abord nous faisons tous les jours au cabinet de l’hypnose conversationnelle. En effet, lorsque nous essayons de rassurer le patient, de le détendre, nous pratiquons de l’hypnose sans même en être conscient. C’est en quelque sorte une hypnose sans hypnose. Elle se traduit par une discussion banale, intégrée dans le langage habituel. Cependant, elle potentialise l’inconscient du patient en contournant les limites de son esprit conscient sans avoir recours à la transe formelle.

Le praticien doit alors se synchroniser avec le patient. Cela est possible en focalisant toute son attention sur celui-ci, faisant naître un sentiment de respect, d’écoute et de compréhension et favorisant un état de bien-être. Le patient est amené grâce à cette relaxation à se détacher du milieu environnant et à sortir de l’espace anxiogène du cabinet dentaire. Le langage hypnotique concerne la communication verbale et non verbale.

 

hypnose-2

 

Ainsi, l’hypnothérapeute parle lentement et se synchronise à la respiration du sujet, en parlant sur le temps expiratoire de celui-ci. Les pauses ont une place importante dans le discours du praticien. L’inconscient étant plus lent pour traiter les informations que nous lui donnons, les réponses verbales et motrices du patient sont légèrement différées dans le temps. Sur le fond, ce langage insiste en permanence sur le confort de l’expérience en cours, il félicite et encourage sans cesse le patient.

En définitive, l’individu soigné ne se rend pas compte qu’il est au cœur d’une séance d’hypnose. Il réalise alors que le praticien a su mieux le comprendre, mieux gérer ses émotions et l’aider à les maîtriser. Il en découle une mise en confiance et une amélioration des rapports avec le praticien.

 

Les étapes pour la transe hypnotique

L’hypnose formelle est réservée aux cas d’anxiété plus importante. Le déroulement d’une séance obéit à une séquence d’étapes successives, dont l’objectif est de permettre l’entrée et la sortie de la transe hypnotique.

1) L’entretien initial

Il est primordial pour le praticien de connaître, au mieux, la personne, afin de s’adapter à elle. En effet, il faut veiller à réduire les résistances et blocages du patient.

2) L’induction

Elle débute par la préparation du patient qui doit être confortablement installé, dans un environnement le plus paisible possible. Le but est de permettre de « contourner » le cerveau gauche, afin de supprimer tout blocage du patient et son esprit critique, vers plus d’ouverture, au profit de son côté imaginaire et abstrait. Pour cela par le discours, nous amenons son attention à se focaliser sur quelque chose : un objet, sa respiration…

3) La dissociation

Le patient se trouve dissocié entre la situation présente et une situation « d’évasion ». C’est un mélange de présence et d’absence, où il est à la fois acteur et témoin, conscient de tout.

C’est à ce moment que le praticien peut transmettre ses suggestions en vue d’obtenir un état paisible. C’est aussi l’instant propice à la réalisation des soins dentaires.

 

hypnose3Phase de transe hypnotique

 

4) Préparation au réveil – les suggestions post-hypnotiques

Avant de permettre la sortie du patient de la transe hypnotique, il faut préparer la suite, pour la faciliter. Cette étape consiste à suggérer des actes qui vont se produire une fois l’état de conscience naturel retrouvé.

5) Le réveil

C’est la phase de retour du patient, où il faut lui permettre, à son rythme, de regagner son état de conscience courant. Il est bon de s’entretenir avec le patient à la fin, afin de reprendre brièvement le déroulement de la séance, de recueillir ses impressions et le rassurer.

 

Conclusion

L’hypnose au cabinet dentaire entraîne une amélioration de la communication praticien – patient, praticien – équipe soignante, un effet bien-être de tous, un effet analgésique, une prise en charge de certaines parafonctions comme le bruxisme, la lutte contre les habitudes nocives comme le tabagisme mais aussi l’amélioration des douleurs et de la cicatrisation en post-opératoire avec diminution du saignement.

Les contres indications sont limitées. On évitera ce type de thérapie sur les patients présentant des problèmes psychiatriques par exemple et chez les enfants de moins de 3 ans…

 

Même si cela peut paraître agréable de travailler l’hypnose avec des enfants, cela demande énormément de concentration et de respect pour l’enfant et ses capacités. L’enfant est un être en devenir qui traverse des stades successifs d’évolution cognitive et psycho-affective. Les enfants pratiquent l’hypnose plus facilement que les adultes parce que cela fait partie de leur développement de passer d’un état de conscience à l’autre (présent-imagination) toute la journée. Lorsque l’enfant ferme les yeux et/ou développe le regard fixe, le regard dans le lointain, cela indique que la transe a commencé… Cela vous parle-t-il ?

 

Il ne faut pas la concevoir comme une solution « miracle » et exclusive, mais plutôt comme un complément et une alternative. Elle rend service au patient… mais aussi au praticien !

Elle peut contribuer grandement à améliorer la gestion du stress du praticien. En effet, le burnout est une réalité au sein de la profession et l’hypnose, compte tenu de ce qu’elle apporte au patient, permet au soignant (par effet miroir) d’opérer avec plus de sérénité.

La lutte contre ce phénomène devient de plus en plus d’actualité.

 


 

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Retrouvez Marie Dacquin le 26 novembre à 14h à l’ADF pour une conférence sur le bilan bucco-dentaire à 3 ans.

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