
Entretien avec une dentiste à poil
Actualité Par Julie Zerbib le 05-05-2020
Présentez-vous
Je suis Julie, chirurgien-dentiste à Paris. J’exerce l’omnipratique depuis 9 ans. Je suis également l’initiatrice de l’opération #dentistesapoil.
Présentez-nous votre action
Notre action a été de créer un buzz médiatique en publiant des photos de praticiens à poil pour plusieurs objectifs.
Premièrement, d’alerter les pouvoirs publics sur le manque de matériel de protection à notre reprise le 11 mai. Egalement rappeler notre implication dans toute la crise du Covid-19 ; notamment la permanence téléphonique bénévole de tous mes consœurs et confrères avec parfois l’aide de nos assistantes. La mobilisation des conseils départementaux dans la télérégulation et la gestion des services de garde. Pour finir, les praticiens qui ont donné leur matériel de protection par solidarité avec nos confrères médecins, infirmiers, aides-soignants et pharmaciens, ainsi que les praticiens qui se sont mobilisés au sein des hôpitaux, des EHPAD pour aller aider au sein de la réserve sanitaire.
Je crois que les chirurgiens-dentistes et leurs équipes se sont un peu sentis les oubliés du gouvernement, car même pas cités dans les allocutions à plusieurs reprises ; et ça, je pense que c’est important de rappeler à tous notre implication en tant que professionnel de santé dans la grande chaîne dont nous faisons partie en tant que soignant et notre exposition majeure face au virus.
Combien de dentistes se sont mobilisés ?
Bon nombre de mes consœurs et confrères se sont mobilisés et je les en remercie. Il y a notamment ceux qui ont permis la diffusion d’une vidéo Youtube et d’un album photo. Il y a évidemment tous les poseurs, tous les praticiens qui ont osé poser nus dans leurs cabinets et aussi tous les praticiens qui ont pu s’exprimer et souvent de manière très engagée à travers les médias.
Il y avait deux de mes confrères et consœurs qui ont posé nus au départ et ont est passés de 3, 4, 50, 100 à plus de 150 photos qui circulent. Nous avons, je pense, réussi tous ensemble ce que, je pense, on peut appeler une sorte de coup d’Etat médiatique.
Rappelons quand même que ce mouvement n’a fait qu’accélérer un travail de fond entrepris depuis longtemps par les instances ordinales.
Comment envisagez-vous la reprise le 11 mai ?
Il est important pour nous, je pense, de redémarrer une activité progressive : je pense notamment à nos assistantes dentaires, nos secrétaires et également nos prothésistes dentaires. Par exemple, nos prothésistes dentaires, on peut dire que ce sont quand même de petites entreprises et elles sont malheureusement à l’arrêt comme nous depuis le 16 mars.
D’autre part, je pense que redémarrer une activité progressive : oui, mais dans de bonnes conditions. C’est ce que nous espérons. Nous avons entrevu avec les propositions de Monsieur Véran, la promesse de maques FFP2, la levée de la réquisition des équipements de protection individuelle pour pouvoir soigner nos patients en toute sécurité, pour nos patients en premier lieu, pour nos personnels évidement et pour nous-mêmes. Espérons qu’il tienne ses promesses et qu’il passe de la parole aux actes.
Je vous avoue, néanmoins, une petite appréhension malgré tout quant à cette reprise. Il faut espérer qu’elle se fasse dans les meilleures conditions possibles.