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L’utilisation du fluor en dentisterie

Pédodontie Par Marie Dacquin Rabany le 02-05-2022

Introduction

La santé bucco-dentaire de la France s’est sensiblement améliorée depuis deux décennies. Cette évolution est principalement liée à l’utilisation du fluor, mais aussi à la diffusion des bonnes habitudes d’hygiène bucco-dentaire. Cependant n’oublions pas que la carie reste bien trop fréquente et peut retentir sur l’état général de toute personne qui en est atteinte. En cela, elle constitue un véritable problème de santé publique.

 

Qu’est-ce que le fluor ?

Avant tout, le terme fluor est souvent utilisé par abus de langage à la place de fluorures dentaires. D’ailleurs les fluorures sont utilisés sous différentes formes, en prévention :
• Individuelle (gouttes, comprimés, dentifrices, bains de bouche, gels et vernis)
• Collective (fluoration du sel de cuisine, du lait et de l’eau)

Leur utilisation fait l’objet de nombreux débats entre divers spécialistes ayant des approches et parfois des intérêts différents. Ces divergences ont d’ailleurs entraîné des recommandations contradictoires qui ont fini par braquer une partie du public et des professionnels de santé.

 

Je vous rappelle donc les 7 points clés de la mise au point de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (AFSSAPS) (octobre 2008) :

 

1) La carie dentaire est une maladie multifactorielle faisant intervenir des facteurs liés au sujet, à la flore buccale et à l’alimentation.

2) La prévention de la carie dentaire passe par :
• L’éducation à une hygiène bucco-dentaire adaptée ;
• L’éducation à une bonne hygiène alimentaire ;
• Une bonne utilisation des fluorures ;
• Une consultation précoce et régulière du chirurgien-dentiste.

3) Les fluorures ont démontré leur efficacité en prévention de la carie dentaire. Leur usage, topique et/ou systémique, doit être modulé en fonction du risque carieux.

4) Quel que soit le niveau de risque carieux d’un enfant, la mesure la plus efficace de prévention des lésions carieuses est un brossage au minimum biquotidien des dents avec un dentifrice fluoré ayant une teneur en fluor adaptée à l’âge. Ce brossage doit être réalisé par un adulte chez les enfants avant 6 ans, puis aidé.

5) Les enfants à risque carieux élevé doivent bénéficier de mesures de prévention et d’une prise en charge spécifique par un chirurgien-dentiste. Des outils complémentaires au brossage des dents doivent être proposés. En particulier, une supplémentation médicamenteuse par voie orale est conseillée dès l’apparition des premières dents (aux environs de l’âge de 6 mois).

6) Compte tenu de la diversité des apports en fluor (eau, sel, dentifrice ingéré…), toute prescription de fluor médicamenteux (gouttes/comprimés) doit être précédée d’un bilan personnalisé des apports journaliers en fluor.

7) Afin d’éviter la survenue d’une fluorose dentaire, il faut contrôler l’administration des fluorures chez les jeunes enfants. Ceci nécessite de réaliser périodiquement un bilan fluoré et de restreindre l’utilisation de fluorures systémiques à une seule source.

 

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Le fluor au quotidien

Depuis 1985, la fluoration des eaux du robinet n’est plus pratiquée en France, mais toujours utilisée dans certains pays. Toutefois des sels de fluor persistent naturellement dans le réseau, à des taux assez faibles n’excédant pas 0.5 mg/L dans 95% des communes françaises. D’après l’OMS (2003), ce taux ne suffit pas à être préventif.

Attention aussi à la consommation d’eaux minérales qui contiennent plus ou moins de fluor. Parmi les plus chargées se trouvent la Quézac (2,2mg/L), la Badoit (1,2 mg/L) ou encore la St-Yorre (1 mg/L). D’autres techniques consistent à ajouter artificiellement des fluorures dans le sel ou le lait. Au quotidien, saler avec ce type de sel lors de ces repas représente une dose moyenne de 0,25 mg/j. Il est important aussi de prendre en compte la consommation de certains poissons de mer pouvant contenir de 1 à 3 mg/100 g.

 

Au cabinet

 

Le dentifrice

Mis à part les dentifrices à 5 000 ppmF et plus, tous les dentifrices peuvent s’obtenir sans ordonnance. Mais à l’heure du « home made » et du « sans fluor », le chirurgien-dentiste doit reprendre son rôle et prescrire le dentifrice adapté au risque carieux individuel de son patient.

 

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On distingue deux types de fluorures dans les dentifrices :

Les fluorures inorganiques :
• Le fluorure de sodium (NaF)
• Le monofluorophosphate de sodium (Na2PO3)
• Le fluorure d’étain (SnF2)
• Le fluorure d’argent diamine (Ag-(NH3)2-F)

Les fluorures organiques :
• Le fluorure d’amines (olafluor)
• Le fluorhydrate de nicométhanol (fluorinol)

Les premiers sont les plus utilisés en raison de leur faible coût de fabrication et de leur grande compatibilité. Les seconds sont entre autre incompatibles avec les ions calcium, mais par contre plus efficaces pour induire la déminéralisation de l’émail.

 

Les vernis fluorés

Le vernis fluoré, tout récemment pris en charge par la caisse entre 6 et 9 ans, peut être utilisé dans la gestion du risque carieux, des MIH, des sensibilités, et de toutes anomalies de constitution de la dent. C’est un acte professionnel complémentaire, simple à mettre en œuvre et au coût très abordable.

Le vernis fluoré dosé à plus de 22 600 ppm (50 mg/1 g soit 5 %) et appliqué tous les 6 mois est le topique fluoré à privilégier en cas de risque carieux individuel élevé. Il permet aussi de reminéraliser les lésions initiales à condition d’être appliqué de façon hebdomadaire au départ avec un dosage d’au moins 22 600 ppm.

 

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Conclusion

L’utilisation de fluor aux dosages préconisés ne présente aucun risque. Comme tout, c’est son mésusage qui peut être à l’origine de fluoroses si l’on dépasse une ingestion quotidienne, répétée, d’au moins 1,5 mg/jour avant 6 ans. Ces rares cas d’intoxication sont liés à une alimentation ou à une supplémentation mal adaptée, d’où l’importance d’un bilan personnalisé régulier.

L’utilisation du fluor produit un réel bénéfice pour les personnes qui l’utilisent. Les ions fluor agissent en se combinant aux ions calcium présents dans la salive, afin de protéger l’email en inhibant le phénomène de déminéralisation et en favorisant celui de reminéralisation. Il agit comme un catalyseur aidant à la refixation des ions présents dans la salive suite aux attaques acides et permet ainsi la formation d’une fluorapatite plus résistante à la dissolution.

 


 

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