C’est la rentrée. Dites NON

Par Isabelle DANJOU le 04-10-2016

C'est la rentrée dites non

C’est la rentrée ! Vous êtes en forme, bronzé, détendu, musclé, vous avez de l’énergie à revendre. Par ailleurs, une partie de vos patients, occupés par l’achat des fournitures scolaires et les inscriptions aux diverses activités de leurs enfants, ne prendront rendez-vous que dans une quinzaine de jours.

Bien souvent, vous profitez de cette période de calme relatif pour prendre de bonnes résolutions (faire du sport, rentrer plus tôt, apprendre la cuisine asiatique, vous remettre au piano…) qui, toutes bonnes qu’elles soient, ne résisteront pas à l’arrivée de la grisaille.

Pourtant il y a UNE bonne résolution qui, si vous l’appliquiez, modifierait très positivement votre quotidien: décider de dire NON.

Dire Non,
veut dire que, plus jamais, un patient ne décidera à votre place de son traitement, de sa prescription, de ses rendez-vous.

Quand Monsieur Cmoikidécide vous dit :
“De toutes les façons, Docteur, il est hors de question que vous m’extrayiez ma dent”.

Vous pourriez lui répondre calmement :
“L’extraction de votre dent est un préalable à votre traitement. Sa mobilité est telle que sa conservation compromettrait l’ensemble de la restauration. Bien évidemment, pour pratiquer cette extraction, j’ai besoin de votre accord ainsi que de votre adhésion au plan de traitement que je vous ai proposé. Je vous laisse réfléchir et vous me direz au prochain rendez-vous ce que vous avez décidé.”

Quand Madame Toutécompliqué vous explique avec des trémolos dans la voix :
“Mais Docteur, je ne peux pas rester comme ça ! Il faut que je vous revoie avant la semaine prochaine”.

Il faut juste rester ferme et répondre sans hésiter :
“Pas du tout Madame, le délai d’une semaine que je vous propose est indispensable à la cicatrisation et à la réalisation d’une prothèse provisoire de qualité et je vous certifie qu’il ne va rien se passer pour vous d’insurmontable dans ce délai”.

Dire NON,
veut dire que, plus jamais, vous n’achèterez un produit ou du matériel dont au final vous n’avez pas besoin.

Quand Monsieur Toutpourledentiste vient vous voir et vous dit :
“Bonjour Docteur, alors les vacances se sont bien passées ? Moi, j’ai pensé à vous, j’ai là un nouveau composite qui présente un mimétisme parfait avec la dentine grâce à sa nano charge mélangée avec de la corne de zébu torréfiée au soleil de Californie. En plus il ne colle absoluement pas à la spatule. Regardez c’est un produit extraordinaire. Actuellement nous avons une offre…”

Il vous sera facile de l’interrompre en lui disant :
“En effet ça me semble intéressant mais comme vous le savez, je prends toujours le temps, avant d’acheter un nouveau produit, de réfléchir au besoin que j’en ai. Laissez-moi un échantillon et n’oubliez pas de m’en reparler lors de votre prochaine visite.”

Dire NON,
suppose aussi que vous sachiez refuser une augmentation de salaire non justifiée à vos yeux.

Le jour où votre assistante Noémie vient vous voir en vous disant :
“J’aimerais bien vous parler… En fait euh comment vous dire ? Cela fait bientôt 1 an que je travaille avec vous et là c’est la rentrée, j’ai de gros frais avec l’école privée de mon fils Arthur et puis… comme je fais beaucoup de travail de secrétariat, je pense que j’ai droit à une prime de secrétariat.”

Il faut à tout prix éviter de répondre tout de suite. Le sujet est épineux, la réponse n’est pas facile à formuler, prenez votre temps :
“J’ai bien entendu votre demande, pour le moment je suis occupé mais je vous propose un rendez-vous demain à 14h pour vous donner ma réponse.”

Le lendemain il vous sera déjà plus facile de dire:
“J’ai relu votre contrat Noémie, il est clairement spécifié que votre travail comporte une part de secrétariat et donc, vous verser une prime de secrétariat ne me semble pas justifié. Par ailleurs, nous travaillons ensemble depuis moins d’un an, j’ai fait l’effort de vous embaucher avec un salaire décent compte tenu de vos compétences, je ne le regrette pas mais je n’ai pas l’intention de vous augmenter pour le moment d’autant que, ne l’oubliez pas, vous bénéficiez déjà d’un treizième mois. Lequel treizième mois pourrait au lieu de vous être versé en 1 fois l’être en 2 ou même en 12 fois ce qui vous permettrait de faire face plus facilement à vos dépenses de rentrée.”

L’apparente facilité de ces petits exemples cache une réelle difficulté.

Dire NON suppose de ne plus se soucier de ce que pense l’autre de soi mais de se soucier de ce que l’on pense de soi même.
A partir du moment où l’on s’attelle à améliorer l’image que l’on a de soi, on apprend à dire non.
Une façon très simple de sentir si l’on doit dire non, c’est d’observer le malaise physique ressenti quand on se laisse prendre par le discours de l’autre.
Ainsi, à chaque fois que l’on dit oui en pensant non, le corps nous averti, avec une accélération du rythme cardiaque, des bouffées de chaleur, des impressions de poids sur la poitrine ou de boule dans le ventre. Ces manifestations physiques nous signalent le désaccord qui existe entre ce que nous disons et ce que, au fond de nous, nous aurions voulu dire.

Devant un sentiment de malaise physique, marquez une pose, respirez et lancez-vous, c’est profondément libérateur.

 

par Isabelle Danjou , Dentiste et Fondatrice d’adopte-un-coach.com

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