Les Chroniques de PAL #1 – Une famille en or

Par Les Chroniques de PAL le 18-01-2017

Dans la vie d’un chirurgien-dentiste, il y a des hauts, des bas, des prises de têtes et des coups de cœur. Mais il y a aussi beaucoup d’humour ! Les Chroniques de PAL, c’est justement ces petits moments de la vie d’un confrère qui prend la vie au 3ème degré, avec une plume acérée, des propos très imagés et une passion certaine. Régulièrement le Dr PAL nous fera l’honneur de partager avec nous ses “Cas cliniques”, pour notre plus grand sourire !

Chroniques de PAL une famille en or

Veerteu campâââgne, où j’ai débutéééé….

Avril 83. Le docteur PAL vient d’inaugurer, il y a deux mois à peine, son premier magasin, « Au bon plomb », sis au beau milieu du trou de balle du département. Il s’agit d’un micro bled paumé au milieu de nulle part, en pleine cambrousse, à cent bornes de tout indice de civilisation. Ici, c’est comme dans les îles, y a pas grand monde, mais c’est pas les cons sanguins qui manquent !

Bouseux de père en fils, l’autochtone du coin ne sort la Visa caca d’oie de la grange que pour aller au foirail ou « au dentiss ». Mais pour le « dentiss », y faut que ça vaille le coup ! Autrement dit, faut que même les « gargarisses » au rouss-cougnouss, au boujaron ou à la goutte n’antalgisent plus rien.

J’ai devant moi la famille Lerbette (sic) au grand complet. Ça ne fait que trois spécimens, mais attention, pittoresques !

R’né, le daron, est un gros rougeaud au crâne laiteux sous la gâpette. Je ne sais pas si c’est son after-chèvre ou quoi, mais il vaporise dix mètres alentour une brise de lisier à donner des hauts-le cœur à un rat d’égout. Au niveau mental, pour schématiser, je dirais que c’est un surdoué tellement qu’il est con !

Faut dire que, une fois qu’il a pansé ses bestiaux, il passe plus de temps à écluser du rouge qu’à cogiter sur le structuralisme. Je le trouve accoudé au rade du caboulot du coin à chaque fois que j’y vais m’y jeter un caoua. A mon avis, il a le gosier taillé dans l’éponge. On peut même pas dire qu’il le siffle cul sec, son godet de Jolijolais, c’est autre chose, il le pompe, il l’aspire, il le gobe. J’ai bien regardé : il commence par darder des loches de chimpanzé qui veut faire la bise, et il attrape son glass par la face distale, entre deux doigts. Puis il le lève au ralenti, hyper concentré, en le lorgnant fisquement. On sent que, durant cette phase ascendante, le soiffard se prépare mentalement à engorger : « Attention, ma glotte, encore une giboulée ! » Et quand il a le canon de rouquemoute sous le tarin, brutalement, d’un coup sec, avec un double mouvement synchrone de coup de poignet pronatif et de coup de boule arrière, il se propulse les douze centilitres d’un bloc derrière la pomme des dents. Ça doit même pas lui éclabousser les bords de l’entonnoir !

Ensuite, il expire un long « Ahhhh ! » de satisfaction en claquant son duralex sur le zinc. Et après dix secondes de bruits de bouche divers, il envoie un clin d’œil au tavernier en indexant la fiole de picrate, pour y dire : « Vas-y Nénesse, recharge ! »

Mais bon, quand on lorgne sa fumelle, on l’absout comme un cochon. Parce que la Marie-Jo, y faut vraiment être raide d’équerre pour avoir envie d’y faisander le dindon sans lui mettre la tête dans un sac ! C’est une juste sèche, voûtée, à tifs gras et QI négatif. Elle n’a pas que des défauts, remarquez, elle est muette comme une carpe. Quand on lui cause, elle tourne une trogne bovine vers son blaireau en attendant qu’il trouve un truc idiot à répondre à sa place.

Reste le moutard de six piges, un mix des deux, le pauvre ! C’est un pézanet couperosé et crado, manifestement doué pour la peinture sur soi, mais dont l’activité principale consiste à lichailler du bout de la langue la coulée de morve verdâtre qui lui tombe du renifleur.

Moi je dis qu’avec des vieux pareils, il est mal barré pour le bac, le ptchio ! Et faut pas compter sur l’école : les instits, y z’ont la grève tous les quatre matins ! C’est malheureux à dire, mais de nos jours, les seuls profs qui s’intéressent aux mioches, c’est les pédophiles. Enfin…

« Alors, comme ça, les dents gâtent ? Bon, on commence par qui ? »
« Moué ! »
(Vous aurez déductionné, ceux qui suivent, que c’est R’né qu’a jacté.)

Voyons voir… Et ben c’est pas folichon ! Je ne lui compte que dix pavetons dans la mastiquoire ! Je note donc sur ma fiche : type décadent.

Constatant que tout le restant branle dans le manche, j’évoque, à mots prudents, l’éventualité de la possibilité optionnelle et facultative d’envisager à moyen terme un double berlingotage en rosine premier choix. Mais le patient semble exprimer alors quelques réserves sur mon plan de traitement :
« Un dentchier ? Ah bédame sûr’ment pô, j’en veux pô !!! »

Ça me parait clair !
« Bien. Comme vous voudrez. D’accord. Dont acte ! » que j’y fais.
« Commin ? »
« Je disais… non, rien, c’est bon, vous pouvez descendre. »

Bon, la bonne femme, maintenant. Allez, Marie-Jo, zyva !
Oh putain la cata !
« Bon, ben pour vot’ dame, j’ vous adresse au stomato. »
« Commin ? »
« Faut tout faire enlever à l’hôpital ! »
« Bédame nom de djieu ! Ça va être commode, çâ ! »
Dis-donc, R’né, tu pourrais châtier tes parlures !

En rogne, le pébourg empoigne alors son morveux et le flanque sans ménagement sur la boudeuse. Evidemment, il se fout à brailler et commence à reptiler dans tous les sens. Mais Pal est pro. J’y colle sous le pif un gadget et promets de lui refiler s’il ouvre son sucrier quelques secondes.

Oh la vaca ! Le désastre ! Tout est rongé, arasé, vermoulu !

« Mais c’est pas possible, vous lui donnez que des bonbecs à bouffer, à votre gamin ? »
« C’est qu’il a toujours envie d’ manger, ce p’tit fi d’ garce ! T’entends c ‘qu’ y dit, l’ docteur !! »
« Mais évidemment ! Plus qu’on mange, plus qu’on mange ! Pareil avec moins ! »
« Vous pouvez pô y arranger çâ juste un peu ? »
« Ben non ! Déjà, regardez, faudrait l’anesthésier au maillet ! Et puis, à ce stade, c’est insoignable ! »
« Commin ? »
« Je disais : tout-est-bai-sé ! »
« Ben commin que ça s’ fait, çâ ? »

Ah le coup de blouse !
Ce qui va pas dans la société, c’est les gens ! Ils se rendent pas compte, les coachs, que c’est à cause des gens qu’être pro, c’est dur !

Retrouvez le Dr PAL sur son site en cliquant ici
Ou commandez le livre Dr PAL, Les plus beaux cas cliniques

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