Mise en place d’un implant dans une canine incluse
Implantologie - Greffes osseuses Par Jonathan AMAR le 04-12-2019Présentation
Une jeune femme de 30 ans nous est adressée pour une réhabilitation de son sourire, elle présente la 12 et la 53 en articulé inversé, la 13 est incluse.
Chez l’enfant, le traitement orthodontique de la canine incluse est un protocole bien connu, et les résultats sont prédictibles. Chez l’adulte, le résultat est beaucoup moins prévisible, le traitement beaucoup plus long et complexe.
Options thérapeutiques
La traction de la canine par un moyen orthodontique n’étant pas assurée, et la patiente refusant l’orthodontie, nous pouvons envisager un bridge 12-13-14, qui délabrerait la 14. Une autre option se présente : la pose d’un implant.
Comme nous l’évoquions, la canine incluse a des chances d’être ankylosée. De plus, sa position étant transversale, si nous faisons une extraction, les tables osseuses vestibulaires et palatines risquent de s’effondrer, créant ainsi un défaut osseux volumineux.
Nous envisageons donc la pose d’un implant à travers la canine incluse : ce protocole est peu documenté, mais nous avons déjà un recul de 9 ans (Davarpanah et Szmucler-Moncler ; 2009).
Cette voie thérapeutique couvre différents aspects qui peuvent paraître perturbants :
• Le dogme accepté en implantologie est un contact intime et maximum entre l’implant et le tissu osseux (Gray et Vernino ; 2004).
• L’utilisation d’une turbine pour forer à travers la dent incluse et le forage à travers cette dernière.
Nous avons donc choisi d’extraire la 53, et de poser l’implant à travers la canine incluse. Une couronne est réalisée sur 12.
Complications
Deux ans plus tard, la patiente se plaint « d’un morceau de dent qui pousse dans le palais ». En effet, la partie coronaire de la canine, séparée de la partie radiculaire par la pose de l’implant, fait son éruption au niveau du palais.
Le site n’est plus étanche, la table osseuse palatine se résorbe.
La décision est prise de :
• Déposer l’implant,
• Extraire les fragments de la canine incluse,
• Poser en immédiat un autre implant.
Résultat final
4 mois post opératoires, nous réalisons la couronne définitive sur implant.
Conclusion
Dans l’état actuel des choses, cette technique d’implantation dans un tissu dentaire ou à travers un tissu dentaire ne peut faire l’objet d’un protocole systématisé, car les critères d’inclusion et d’exclusion ne sont pas bien définis.
Davarpanah et Szmucler -Moncler ont depuis 2009 réalisé de très nombreux cas d’implantation dans des canines incluses ou des résidus de racines incluses ; les résultats sont encourageants mais sont chirurgiens dépendants.
Le débat reste ouvert concernant le choix thérapeutique en 1 temps chirurgical avec une implantation à travers la racine incluse vs 2 temps chirurgical, et le risque de délabrement osseux et la complication de repose implantaire par la suite.